Guérir. Consoler. Prendre dans ses bras. Abreuver d’amour.
Caresser.
Soulager de la douleur des coups
éteindre le feu des gifles
refermer les entailles du couteau
ressouder les os brisés
détails d’os débités sous la hache
le sabre et la machette.
Danser avec elleseuxtoi collé-serré
mon cœur battant contre un cœur en arrêt
Bercer vos corps morts
Déjà si loin de nous
Écouter vos voix interpellant encore
encore plus fort tonnant
cri muet qui décroche le ciel
obscurcit ma petite vie calme
oublieuse
ma vie victoire simple sur mes hontes tues.
Par-delà l’apparent silence
bichonner vos fantômes
mes sœurs, mes frères, amies inconnus
compagnons perdues dans ces terreurs
le désastre permanent des guerres
du pouvoir, l’argent, l’économie,
détestations des différences.
Une feuille m’a rapporté le récit
une simple feuille parvenue jusqu’à mon oubli
m’a conté l’odyssée de vos souffrances
sexes empimentés
clown pendue
femmes enterrées vivantes
journaliste corps débité et brûlé
tous ces corps dans des barils, des caddies
une simple feuille a fait retentir
la détonation balle en plein cœur
balle en pleine tête
et ton regard droit la feuille imagine
un sourire malgré tout sous la grimace du corps qui souffre.
Faire chalouper ta pensée encore une fois serrée-collée contre moi.
Valser avec des bouts de mots que tu nous as laissés.
Tanguer avec ta perte sur une musique qui déchire.
Guincher en te portant comme un nourrisson.
Et questionner :
qui a oublié l’amour qui t’a déposé parmi nous
T’a veillé, t’a appris à marcher les yeux étincelants ?
Qui a oublié cet amour-là qui t’aura trompée
Sur la nature double des elleseuxça qui nous surveillent
Meute échappée de notre troupeau !