Tu dépends encore de lui
Son bon vouloir, son aide, son fric, ses relations
tu reposes toujours sur lui
sa bonne humeur du jour
la belle idée qu’il a de toi
son amour qui dure malgré
malgré le fait que tu ouvres la bouche, oh, à peine
bien que tu exprimes ton désaccord, à peine, à peine
Il t’aime mais tiens-toi bien et ferme-la.
Tu l’entoures de ton admiration
Te voilà sur une affiche et lui au centre
double centre
il pose et décide, pose et dirige
Oh, c’est un pied-de-nez
une magnifique pirouette
lui au centre et nous tous autour
étoiles noires à proximité du trou blanc
qui aspire et recrache à volonté
Nous voilà projetés à 1700km/s de nos rêves.
Il t’entoure de sa compassion
Tu l’as eue, cette idée brillante
de création autour d’une claque
Claque et douleur font de si belles
si profondes, si éloquentes alchimies
Et ta beauté noire en prime
Ton talent de surcroît
Ta voix, oh, cette voix noire
qui porte si bien la plainte
Comment ne pas te faire souffrir
Le monde a besoin de cette voix rauque et déchirante.
Il lui faut ta présence
Oui, tu seras la seule, l’unique
tu t’en aperçois, tu le dis
la seule sur ce plateau
ils te disent émotive quand tu défends
une thèse
Ils te disent bornée quand par ta bouche
ces voix millénaires assassinées
tentent de resurgir
Ton sang-froid résiste à l’assaut
mais laisse-moi imaginer les plaies silencieuses
coulures invisibles des balafres rageuses.
Et voilà qu'une voix te crie :
"rentrons chez nous
J’ai atteint mon objectif. Individuel.
Alors, ciao !"
Tu tangues.
Les balafres répandent le même sang
D'où qu'elles viennent
Et tu repars
Ciao mon frère ! Ciao ma sœur !
à toutes mes sœurs noires dépouillées de leurs rêves par un homme blanc... et quelques sœurs noires.
et... pour rappel, le 19 novembre 1803, Rochambeau signait la capitulation de la France à Saint-Domingue. Faisons honneur à ceux qui sont morts pour notre liberté et notre dignité.